Conseil des notaires pour parler des vieux “avec un brin d’impertinence” !

Ah, les notaires….

Je me trouvais l’autre jour dans la salle de longue attente d’un notaire. Ayant oublié de prendre un livre, je regarde les lectures proposées sur la table – et par la même occasion les opinions socio-politiques dudit notaire : Le Point, l’Express et le Figaro magazine témoignaient en effet de ce qu’il gardait certainement chez lui ses journaux préférés (L’Humanité, Politis, Le Monde diplomatique…).

J’avise alors deux autres journaux : Conseils des notaires et Le Magazine des notaires. Au moins, là, j’apprendrai quelque chose. Délaissant Le Magazine et son titre putassier : “Donner peut vous rapporter gros !”, je me saisis du numéro le plus récent du Conseils qui, faute de me plonger dans l’actualité (n° d’avril 2013), va tout m’apprendre sur “Choisir le bien vieillir”. Ca tombe d’autant mieux que je ne cesse, par certaines de mes activités alzheimerologiques ( !), de rencontrer des gens qui ont choisi de mal vieillir. Passons.

Au sein de ce dossier (où je ne trouverai malheureusement pas d’article sur “Choisir le bon notaire du bien vieillir, celui qui ne vous laisse pas trop vieillir entre l’acte demandé et l’acte réalisé”), une rubrique est confiée à une linguiste, Henriette Walter, qui nous dit qu’il y a “deux façons de regarder la vieillesse” et précise pour l’une d’entre elles :

“Devant la perte de tout ce qui faisait le charme et la force de l’âge adulte, on peut, avec un brin d’impertinence, traiter les personnes âgées de séniles, de fossiles, de croulants, de gâteux. Ou encore d’amortis, de viocs, de rangés des voitures, voire de HS (hors service) ou de PPH (passera pas l’hiver).”

Voilà qui m’arrête et m’interroge.

Sur ces questions d’âgisme, toujours le même constat. Parler des mots, même des moches, qui existent, bien sûr. C’est même leur boulot, aux linguistes. Mais qualifier l’usage des mots utilisés et ressentis comme des insultes de “brin d’impertinence”, là, ça ne passe plus. 

Dans un article sur les “deux façons de regarder les femmes”, notre linguiste aurait-elle écrit qu’un “brin d’impertinence” conduit à les traiter de greluches, de grognasses, de pouffiasses… ?

Ou dans un article sur les “deux façons de regarder les non-blancs ou les non-catholiques” qu’un “brin d’impertinence” mène à les traiter de youpins, de bamboula, de niakoué ? 

Est-ce que les notaires qui dirigent cette revue, d’ailleurs, jugent seulement comme un brin impertinents les gens qui les traitent de bedonnants filous, de retors margoulins ou de résidus d’Ancien Régime ?

Jérôme Pellissier – Article publié en 2013.

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