Contre l’Alzheimer, le post-it ! Quand Roselyne Bachelot révolutionne la psycho-gériatrie

Lors de l’inauguration du “train alzheimer”, dont on ne sait pas très bien s’il s’agit d’un train d’information sur la maladie d’Alzheimer,

d’un train-musée (vision vieillotte et caricaturale de “la maladie”, en grande partie dessinée par la frange la plus conservatrice de la neurologie et de la gériatrie françaises), ou d’un train publicitaire pour Pfizer, Nestlé et quelques autres sociétés ayant d’autant plus besoin de publicité pour vendre leurs produits que leur efficacité est bien douteuse…,
bref, lors de cette inauguration, Madame Roselyne Bachelot, ministre de la santé,
(laquelle soit dit en passant ne pouvait s’étonner de la nature hybride de ce train identique à la nature hybride du “Plan Alzheimer” de Nicolas Sarkozy)
s’est trouvée devant une vitrine présentant des photos sur lesquelles des post-it sont collés.

Roselyne Bachelot, ministre de la santé et des post-it

Vitrine destinée, sans aucune nuance (or il aurait fallu en faire tant ce type de procédés peut autant provoquer d’anxiété et de stress qu’aider une personne à la mémoire troublée), à montrer qu’il est utile, pour aider la personne malade, de lui coller des post-it sur ses photos avec des phrases type : “toi en vacances à La Baule” ou “ton frère Jacques” ou “ta cousine Bette” [1].

Conclusion de la Ministre de la Santé et de la Papèterie réunies ? Une phrase :

“Le post-it est un élément très important du traitement de l’Alzheimer !”

Nul doute que toutes les approches psycho-relationnelles n’ayant pas leur place dans ce train (faute d’être des produits de Pfizer, Nestlé ou 3M diront les mauvaises langues) sont moins importantes.

Cela dit, quand on voit la réalité du quotidien des personnes présentant un syndrome démentiel et de celles et ceux, proches ou soignants, qui prennent soin d’elles, réalité faite de mille et une galères, de mille et un démerdages, tant il y a pénurie, de dispositifs de soutiens, de professionnels, et de professionnels formés, de lieux adaptés, etc., on finit par se dire que madame Bachelot a parfaitement raison : aujourd’hui et dans les années à venir, les personnes malades accéderont plus souvent à des traitements composés de post-it qu’à des gériatres, ergothérapeutes, animateurs, infirmières, psychologues, aide-soignantes, kinésithérapeutes…

Jérôme Pellissier – Article paru en 2010.


P.S. : un lecteur m’indique que le Sorcier Shadok (faisant fonction aussi de ministre de la santé) aurait un jour déclaré : “Les frites sont un élément très important du traitement de la dénutrition.” Que ce lecteur me pardonne, mais j’ai trop de respect pour l’intelligence de nos cousins shadoks pour prêter foi à une telle allégation.

[1] Les aide-mémoire, qui peuvent en effet prendre la forme de petits papiers collés ici ou là, sont utiles, à certains moments, pour certaines personnes ; utilisés donc de manière prudente et ajustée.

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