Thérapie animale. Mais qui va soigner les chercheurs ?

Une nouvelle étude dans le domaine de la gérontologie shadok :

La présence d’un animal de compagnie améliore la sensation de bien-être et la qualité de vie des personnes en institution.

La qualité de vie en institution est un souci permanent et toute proposition permettant de diminuer le sentiment d’isolement, de solitude et d’inutilité des pensionnaires mérite d’être considérée.

Les bénéfices que peuvent procurer les animaux de compagnie ont déjà été évoqués, mais la cohabitation au sein de la communauté n’est pas sans poser certains problèmes.

Une expérimentation a été conduite en Italie du Nord dans 7 institutions auprès de pensionnaires possédant toutes leurs facultés mentales. Les 144 participants, soit 97 femmes et 47 hommes, ont été répartis de façon randomisée en 3 groupes : 48 d’entre eux ont reçu un canari, 43 une plante et les 53 autres n’ont rien reçu.

En début d’essai, leur état cognitif a été évalué à l’aide du MMSE, leur perception de leur qualité de vie grâce à la version abrégée du LEIPAD II, et le Brief Symptom Inventory a permis d’évaluer leur état psychologique.

Au bout de 3 mois, ces mêmes tests ont été à nouveau pratiqués. Les sujets qui s’étaient vu offrir un canari avaient moins de symptômes dépressifs et montraient de bien meilleurs résultats aux tests de qualité de vie que ceux qui n’avaient rien reçu. Bien que moins marquée, une amélioration était également observée chez les personnes qui avaient reçu une plante.

Ces résultats renforcent l’idée de la thérapie par les animaux de compagnie dans l’amélioration du bien-être des personnes institutionnalisées lorsque les structures le permettent.”

(Colombo G et al. Arch Gerontol Geriatrics. 2006 ;42:207-216)

“Thérapie par les animaux de compagnie” !

On sait qu’environ 50% des personnes âgées de plus de 60 ans possèdent, en France, un animal de compagnie.

On sait aussi que la majorité des personnes qui entrent un jour en maison de retraite ne peuvent garder leur animal de compagnie et n’en trouvent pas d’autre(s) dans l’établissement.

Il faut à certains des études pour montrer que ces personnes seraient plus heureuses si elles pouvaient garder le leur ou en avoir un autre. Soit.

Mais est-il nécessaire de pompeusement qualifier cela de “thérapie par l’animal de compagnie”.

Faudra-t-il un jour qualifier de “thérapie par le vêtement” le fait de ne pas imposer un uniforme et de laisser les gens s’habiller avec leurs habits ? De “thérapie par l’amitié” le fait de laisser une personne fréquenter ses ami.e.s ?

Des plantes, des animaux, des humains, de la musique, du mouvement, etc. : faudra-t-il qualifier tout cela de “thérapeutique” et faire quelques milliers d’études pour convaincre (qui ?) que la “qualité de vie” en établissement est dépendante de… la vie qui peut s’y exprimer ?

Jérôme Pellissier – Article paru en 2006.

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