Episode 3 : les coupables…
Résumé de l’épisode précédent : les shadoks ont constitué une expédition d’étude du Grand Trou. Laquelle, pour une fois, étudie. Et permet au Chef Shadok d’établir enfin la liste des coupables.
Oui, les shadoks coupables, il les tenait. Tous ces shadoks creuseurs en train de trouer la planète et d’engloutir dans leur entonnoir les fruits du pompage des braves shadoks pompeurs !
Il y avait d’abord les accidentés du pompage. C’est qu’à force de pomper, et de pomper sec, et rapidement, et de plus en plus rentablement et frénétiquement, tous les jours, sur des pompes plus ou moins bricolées, déglinguées, sous pression, il y avait forcément des accidents. Et qu’à force de pomper et dépomper et repomper toutes les cochonneries qui se baladaient sur la planète shadok dans tous les sens, tous ces détritus, ces gaz, ces plastiques, ces pesticides, ces gibicides, ces bouts de plantes et d’animaux et de shadoks modifiés, ces substances issus du Cosmogol 999, enfin bref, à force de pomper tout ça sans cesse, il y avait des maladies.
On avait donc dans le trou tout un tas de shadoks à qui il manquait deci delà quelque morceau, qui était resté dans une pompe, ou qui avaient gardé deci delà dans le corps quelque morceau de pompe. Dans un cas comme dans l’autre, incapables de pomper maintenant ! Et voilà qu’on voyait pourtant bien maintenant que tous leurs bouts de corps ou de pompes mélangés ne les empêchait pas de creuser. Ah, les mauvais, les mauvais shadoks, s’écriait le représentant des entreprises de Pompage, proche du Chef Shadok, atterré par l’ingratitude de tous ces shadoks qui non seulement ne pompaient plus mais creusaient désormais sans ambage.
Mais les accidentés du pompage, dans le Grand Trou, c’était de la gnognote à côté des Shadoks malades. Des hordes de Shadoks malades. Ceux-là rendaient le Chef Shadok furieux.
Surtout contre les médecins shadoks qui n’avaient rien compris : ils s’entêtaient à prescrire aux shadoks malades des arrêts de pompage ! Alors qu’on sait très bien ce que fait un shadok dès qu’on l’extirpe de sa pompe : il en profite pour aller s’acheter au frais de la collectivité des cachets, des gélules, des piqûres, des pilules, des substances, des pioches, des pelles et, hop, creuse et creuse de plus belle.
Il fallait faire exactement l’inverse, pensait le Chef Shadok. L’Université de Métrologie Pompique l’avait prouvé : non seulement le pompage rend libre, mais il rend sain. La preuve ? Ah, la preuve absolue existait : toutes les statistiques le montraient : les shadoks qui ne pompaient pas, les shadoks chômeurs, étaient plus malades que les shadoks pompeurs. Et du coup tombaient comme des mouches dans le Grand Trou. “Plus un shadok est malade, plus il doit pomper”, pensait le Chef Shadok. Pompologues et Pompophiles ne le contredisaient pas. La pompe étrait bonne pour les affaires.
Le Chef Shadok, cependant, ne mettait pas tous les malades dans le même trou – bien qu’ils y fussent tous – et distinguaient ceux qui temporairement ne pompaient pas et creusaient un peu, ceux qui allaient juste dans le Grand Trou pour de petits séjours, des petits repos de pompe, tout petits. Petites maladies, petits creusages, on pouvait à la limite fermer un peu les yeux sur ces shadoks-là tant qu’ils se payaient eux même leur voyage et leurs frais de creusage.
Mais les autres, les Creuseurs-Chroniques !
Ceux-là, c’était des terribles !
Et plus ils étaient handicapés longtemps, ou malades longtemps, ou plus ils mouraient lentement, bref, plus ils auraient dû se tenir tranquille, se faire discret, se faire oublier, quand même, et bien non ! Plus ils creusaient, et coûteusement ! Les économistes shadoks l’avaient montré : les Creuseurs-Chroniques ne creusaient jamais mieux, et profond, que pendant leurs derniers mois ! Plus ils étaient fatigués, épuisés, malades, plus ils creusaient ! A n’y plus rien comprendre.
Et ce n’était pas fini.
Car le Chef Shadok avait gardé les pires pour la fin. Il y avait en effet une catégorie de shadoks creuseurs particulièrement néfastes, à la dent dure, à l’espérance de creusage longue, qui creusaient de tous leurs membres, de toutes leurs prothèses, de toutes leurs forces.
Oui, les pires, c’était bien eux.
La suite au prochain épisode…
Jérôme Pellissier – Article publié en 2011.
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