La Nuit tous les vieux sont gris – Présentation (2003)

La Nuit tous les vieux sont gris – Présentation par Bernard Laborel.

« Jérôme Pellissier vient renforcer avec rigueur, talent et humanité la parole collective de ceux qui s’élèvent contre les discours réducteurs sur la vieillesse et les personnes “âgées”.

Couverture livre La nuit tous les vieux sont gris Pellissier

Il y en a assez des stéréotypes sur “ le sage vénérable ou le vieux fou ”, les vieux “ séniles, gais retraités passifs, radins et radoteurs ”, assez d’une perception des vieux comme étant un “ ensemble homogène d’individus indistincts caractérisés par leur inadaptation et définis par leurs manques et leurs besoins. Quand ils ne sont pas de surcroît accusés de freiner la marche du progrès et d’assombrir l’avenir économique du pays ”.

Vouloir uniformiser la vieillesse, passer outre l’extrême diversité des vieillissements, c’est laisser s’infiltrer le regard qui dénigre, occulte, culpabilise, déforme et prépare, sans crier gare, à l’indifférence au mieux et, au pire, aux mesures exclusives, ghettoïsantes et aux politiques de misère que nous connaissons.

Notre société est malade de l’inadaptation de la prise en charge, qui passe à côté d’une écoute véritable, de la maltraitance banalisée et répandue, de l’absence d’une place culturelle et symbolique laissée à la vieillesse, de la mort refusée, de son inadaptation à ses vieux.

Entrelaçant analyses pertinentes et pointues aux récits précis et concrets d’une gérontologie au quotidien, il appelle chacun d’entre nous à réfléchir à cette situation mortifère. Jamais, nous dit-il, la voix des vieux n’a été aussi inaudible, couverte par celle des spécialistes de la vieillesse. “ Est-ce parce qu’elle nous dérange ? Est-ce parce qu’elle nous interroge sur nous-mêmes et notre société qui n’est pas adaptée pour intégrer ses âges ? ”

Alors, il y urgence à (ré)apprendre à les écouter, à comprendre que la vieillesse est une période qui se refuse à toute schématisation. Une période vécue loin des modèles qui prétendent la décrire. La vieillesse ne se ramène pas à ses déficits, elle est d’abord une expérience humaine. Le comprendre serait un premier pas pour nous sauver tous. Il faut lire le livre de Jérôme Pellissier pour penser le vieillissement, la vieillesse et pour penser la société que nous voulons pour nous-mêmes et nos enfants, futurs vieux. »

Bernard Laborel (co-auteur de l’ouvrage Construire une éthique en établissements pour personnes âgées – Erès, 2004).


Article paru en juin 2003 sur le site du magazine électronique “vivrecentans”.

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